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Et si tout cela
ne tenait qu'à un fil

Exposition d'Anne-Sophie DUBOURG

Pour ne pas se prendre les pieds dans la toile mais permettre au contraire une libre circulation, Anne-Sophie Dubourg échafaude un espace habitable, construit une architecture sur le fil, environnement précaire qui interroge les liens qui nous unissent. La manche tendue vers une autre est le lien qui pourrait à tout moment se rompre et le trait tiré détricoter la manche. Et si tout cela ne tenait qu’à un fil souligne le titre. Architecte de formation et scénographe d’une compagnie de danse, l’artiste sait ce que signifie habiter l’espace en nous faisant partager son expérience.

« J’aime que les gens se posent dans mes installations, qu'ils s’installent dans mes créations » nous dit-elle. Elle transforme le salon du château en séjour convivial où les tons chauds de rouge et de matières duvetées et moelleuses réchauffent l’atmosphère hivernal. De cette première rencontre qui anime deux portraits de pull-over déjà portés, elle tisse d’autres liens. De ce fil tiré, elle tend une trame qui s’adosse à d’énormes bobines posées sur le sol. Accessoires au décor, les bobines sont des bancs publics sur lesquels un ouvrage entamé attend. Sur une petite table à proximité, repose une caisse comprenant le kit de l’apprenti tricoteur (manuel du tricot, aiguilles et pelotes de laine).

Ces éléments à disposition complètent la mise en scène de la rencontre en invitant à se poser.

Planter ses aiguilles, occuper ses mains à répéter le même geste est une activité qui favorise la distraction, libère l’écoute, provoque la disponibilité. Ce travail convoque la parole, lui-même motivé par le langage. Le fil est la métaphore du lien, tisser des liens de quelque nature que ce soit, fil tendu, fragile, croisé, entrelacé, lié, noué ou tissé. Tension du fil évoquant la fragilité des relations humaines, lien à préserver ou à bâtir.

L’artiste, en créateur du lien social, offre des espaces de convivialité qui finissent par s’absenter du regard au profit d’une mise en situation. Anne-Sophie Dubourg pose des rencontres. Le tricot en est le prétexte. Parce que les liens ne sont pas standardisés, l’artiste a choisi de fabriquer ces éléments elle-même et de leur laisser un aspect brut.

Tout est question de mise en oeuvre pour que s’opère la rencontre.

Les techniques traditionnelles comme le tricot, le tissage, la teinture et le bricolage sont au service de l’idée. « Donner envie de se poser, proposer des rencontres » tel est le motif et la trame de l’ouvrage. Le fait main, l’aspect artisanal rejoint donc cette attention portée au lien non calibré. Pour l’artiste, être dans le faire compte autant que l’idée. Elle s’élabore dans sa fabrication lorsqu’elle ajoute « J’aime faire et ne pas donner à faire. Je conçois une oeuvre au fur et à mesure de sa construction. »

Texte de Karine Maire, impressions de l'auteur sur la création en cours de réalisation, issu du catalogue édité par le Centre culturel de Morsang-sur-orge



Proposition d'installation plastique au Centre Culturel de Morsang-sur-Orge.

Architecte de formation, l'espace a toujours été pour moi un langage à part entière. J'aime travailler avec l'architecture d'un lieu, son organisation spatiale, son esthétique, son histoire, pour y intégrer une installation plastique. Jouant avec la notion d' « habiter », l'installation plastique devient un espace artistique à vivre, à parcourir, à ressentir.

La relation au propos est très sensorielle, liée à la nature de l'espace, de ses formes, de ses matières, et de ses couleurs.

L'essentiel, pour moi, est de donner au public à ressentir une idée, d'être dans une compréhension sensible, de s'imprégner d'un propos, de le vivre, voire d'y participer.

Le travail avec les matières est primordial car ce sont elles qui déterminent la cohérence avec le propos. Les matières évoquent, suggèrent, rappellent, attirent, intriguent, et ne sont jamais neutres, c'est pour cela qu'elles m'intéressent. A chaque nouvelle création il s'agit de jouer avec ces matières, de se laisser surprendre par des juxtapositions, des assemblages, de s'imprégner du résultat, pour le confronter sans cesse au propos initial.

Depuis longtemps déjà les questions sur la nature des relations humaines imprègnent mon travail. Dans une société égoïste comme la nôtre, l'autre est plus souvent considéré comme un concurrent, un danger potentiel, ou une charge, une restriction de liberté.


Entrer en relation avec l'autre c'est admettre ses différences pour construire un échange de valeurs. C'est accepter de se laisser perturber par un autre point de vue, mais cela peut-être aussi d'être conforté dans sa propre vision des choses si les valeurs sont partagées.

Cette installation parle des liens qui nous unissent, qui nous relient les uns aux autres, de la nécessité de ces relations pour se construire, pour avoir la sensation d'appartenir à cette même humanité, elle parle aussi de la fragilité de ces relations, de la difficulté à les maintenir sereines et positives.

Comme les habitants de la ville d'Ersilie, imaginés par Italo Calvino dans son livre « Les villes invisibles », il s'agit de mettre en évidence ces liens qui nous relient. Chaque habitant de la ville se trouvait relié par un fil de couleur différente selon la nature de sa relation avec l'autre.

En prenant au pied de la lettre les expressions « tisser des liens » et « nouer des relations », l'espace du salon sera investit par des fils de toutes natures, fils qui seront tricotés, tissés, noués, etc.

Une série de pulls-over déjà portés, sera installée comme autant de portraits, sur les cimaises laissées vacantes faute de tableaux. Ces « portraits » deviendront le point de départ de toute relation. Les pulls-over seront reliés les uns aux autres formant ainsi une architecture de fils, fragile, aléatoire, transparente.

Chaque relation donnera lieu à un espace de convivialité, une énorme bobine de fils entrelacés couchée formant une assise où chacun pourra se poser et discuter avec son voisin. A chaque « banc » sera adjoint une petite bobine verticale formant une desserte où pourront être installés divers objets de convivialité (boissons, biscuits, travaux de fils à compléter, etc).

Les liaisons « fils » seront de natures différentes selon qu'elles se rapprochent des bancs ou s'en éloignent, plus ou moins denses, plus ou moins fragiles.


Les couleurs retenues vont du jaune orangé jusqu'au rouge violet, couleurs chaudes symbolisant tous les vaisseaux qui nous irriguent et nous maintiennent en vie. Le rouge est aussi la couleur de l'action, de la passion, nécessaire à toute relation.

Anne-Sophie Dubourg, Eclose, 21 décembre 2008
Note d'intention de l'artiste envoyée, avant réalisation de l'exposition, au Centre culturel de Morsang-sur-orge

 

L’exposition d’Anne-Sophie DUBOURG a eu lieue à l’Espace d’art contemporain de Morsang-sur-Orge du 6 au 28 février 2009

Je tiens à remercier :
La ville de Morsang-sur-Orge
Marjolaine Rauze, Maire de Morsang-sur-Orge
Marie-Christine CARVALHO, Conseillère déléguée à la culture
Toute l'équipe du Centre Culturel pour son aide et sa disponibilité, et en particulier à Alain Douté pour son soutien dans cette aventure artistique
Anne-Marie Pascoli qui m'a permis cette rencontre avec vous
Mon compagnon pour son aide dans l'organisation de ce projet
Toutes les personnes venues participer aux tricotages, et tissages de liens

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